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Genre Anolis

Introduction

Le genre Anolis est composé de près de 450 espèces différentes. Tous les ans de nouvelles espèces sont décrites, il y a aussi fréquemment des changements de taxonomie comme des sous-espèce élevées au rang d'espèce ou des espèces divisées en plusieurs espèces. De plus la taxonomie du genre Anolis est souvent révisée. Plus d'informations sur cette classification de 2012 (NICHOLSON et al.) et plus récemment cette classification de 2018 (NICHOLSON et al.). 

Il faut savoir que le genre Anolis est un des genres les plus diversifiés parmi le sous-embranchement des vertébrés (± 50 000 espèces) ! C'est la raison pour laquelle le genre est très étudié par les scientifiques. Les recherches sur l'évolution divergente du genre Anolis peuvent potentiellement donner des réponses sur l'évolution de l'Homme. 

Qu'est-ce qu'un Anolis ? Les deux caractéristiques qui définissent le mieux ces petits lézards sont le fait qu'ils aient tous un fanon gulaire et sont pourvus de lamelles adhésives. D'autres genres de lézards ont des lamelles adhésives (Phelsuma, Uroplatus, Sphaerodactylus, ...) mais n'ont pas de fanon gulaire. D'autres genres de lézards ont un fanon gulaire (Draco, Sitana, Otocryptis, Ctenosaura...) mais n'ont pas de lamelles adhésives. Si un lézard a ces deux caractéristiques, il fait partie du genre Anolis.

 

Le genre Anolis présente une grande richesse de diversité, attribuable à la variabilité des critères de :

  • Morphologie
  • Distribution géographique
  • Ecologie

 

Morphologie

La variabilité morphologique intraspécifique chez les Anolis est souvent remarquable et peut être observée dans plusieurs aspects de leur apparence physique. Cette variabilité peut résulter de divers facteurs, notamment l'adaptation à des environnements spécifiques, les interactions sociales, la disponibilité des ressources et d'autres pressions évolutives. Voici quelques exemples de la variabilité morphologique intraspécifique chez les AnolisLes Anolis possèdent de nombreuses particularités physiques. Ces caractéristiques les distingues des autres espèces de lézards mais aussi les définissent en tant qu'espèce au sein du groupe Anolis. On peut citer : 

 

TailleAnolis hendersoni juvénile

La multitude d'espèces qu'offre le genre Anolis présente une variabilité significative en termes de taille. Au sein de ce genre de lézards, on observe des variations de taille importantes tant entre les espèces qu'au sein d'une même espèce. Sur cette photo on peut voir la comparaison entre l'Anolis auratus (35 mm LTC) environ 10 centimètres à l'âge adulte et l'Anolis luteogularis (191 mm LTC), une des plus grandes espèces pouvant dépasser les 50 centimètres.

Au sein d'une même espèce, il existe également des variations de taille qui peuvent être significatives. Un exemple est l'Anolis occultus, cette espèce comprend quatre sous-espèces. Trois d'entre elles vivent au niveau de la mer, tandis qu'une vit dans les montagnes de l'île de la Dominique. Cette sous-espèce altitudinale, Anolis oculatus montanus, est nettement plus grande que les autres sous-espèces.

De manière générale, les mâles sont plus grands que les femelles. Le ratio de taille entre le mâle et la femelle est, pour certaines espèces, très élevé, comme chez les Anolis leachii ou Anolis richardii. Le ratio est d'environ 0,4. À titre de comparaison, si l'on transpose ce ratio de 0,4 à nous (Homo sapiens), cela correspond à une femme d'une taille de 1m62 et à un homme d'une taille de 2m70. Chez les grandes espèces du genre Anolis, le ratio est plutôt faible, voire proche de zéro. Le mâle et la femelle font approximativement la même taille. Autre exemple, l'Anolis sagrei a un ratio d'environ 0,3.

 

Fanon gulaireAnolis sagrei mâle

Le fanon gulaire, utilisé pour la communication intra et interspécifique, c'est un repli de peau qui se trouve au niveau de la gorge. Ce fanon est déployé de manière maitrisé grâce à l'os de l'hyoïde. 

Le fanon gulaire est unique à chaque espèce, il est décliné en taille, en motif et en couleur. Il arrive même qu'il diffère en fonction des sous-espèces ou des localités d'une même espèce. Il y a donc une très large diversité de fanon gulaire. Des études scientifiques montrent que les espèces arrivent à savoir si un individu fait partie de son espèce grâce à la couleur de son fanon. L'Anolis amplisquamosus peut changer la couleur de écailles du fanon gulaire. A ce jour c'est la seule espèce d'Anolis ayant cette capacité. 

Deux espèces (Anolis bartschi et Anolis vermiculatus) ont un fanon gulaire presque inexistant. Pour une une dizaine d'espèce, le fanon gulaire il est très réduit (par exemple Anolis hendersoni, Anolis ophiolepis, Anolis agassizi ou Anolis dolichocephalus). Les femelles ont très souvent un fanon gulaire plus réduit que celui des mâles. Chez les grandes espèces du genre, les femelles et les mâles ont un fanon gulaire de taille similaire.

Les mâles utilisent la réflection des ultraviolets de la lumière pour optimiser la visibilité de leur fanon gulaire lors de leurs parades. 

Très souvent, les espèces sympatriques partageant la même écomorphes, partagent également de nombreuses caractéristiques communes. Afin de se différencier, le fanon gulaire est utilisé comme un détrompeur. Bas du formulaire

 

Lamelles adhésivesAnolis carolinensis femelle

Les lamelles adhésives permettent aux Anolis de grimper plus facilement sur les surfaces lisses (typiquement les grosses feuilles, parois rocheuses, ...). On trouve ces lamelles adhésives sous les doigts des Anolis. 

Il faut savoir que le nombre de setæ varie en fonction des espèces. Sur les quatre pattes, chaque doigt est pourvu de plusieurs lamelles adhésives. Pour un même individu, les doigts ne sont pas égaux en nombre de lamelles adhésives, et c'est sur le quatrième orteil des pattes arrière qu'il y en a le plus. Le nombre est également différents entre les pattes avants et arrières.

En général les espèces vivant dans les branchages où il y a beaucoup de feuilles sont pourvus de lamelles plus grandes et d'un nombre de setæ plus important que les espèces vivant sur les strates plus basses. Une seule espèce fait exception, l'Anolis onca, qui n'a pas du tout lamelles adhésives. Du fait de leurs moeurs ils n'en ont pas l'utilité. En effet cette espèce vit principalement au sol sur des surfaces sablonneuses. 

A l'intérieur de chaque lamelle il y a des millions de poils appelés setæ. Ces seate sont des sortes de poils d’environ 100 microns de long et quelques microns de large. Et si on y regarde d’encore plus près, chaque setæ contient à son extrémité des centaines de structures encore plus petites, équivalant à des spatules, dont le diamètre ne dépasse pas 200 nanomètres. A l'intérieur des lamelles adhésives, les setæ ne sont pas toutes pareilles. Certaines zones sont plus denses, et certaines setæ sont plus épaisses, ceci dans le but d'optimiser l'adhérence. C'est la friction des setæ qui permet une meilleure adhérence. 

Les expériences menées par les scientifiques ont d’abord révélé deux choses importantes : une unique setæ peut soutenir au maximum une force de 200 micro-newtons. Sachant qu’un anole en possède en moyen entre 6 et 7 millions, cela signifie qu’il pourrait en théorie soutenir au maximum une charge de 130 kg ! Ils ont également étudié l’impact de l’orientation de la setæ sur son adhésion, et ils ont montré que l’adhésion cesse dès qu’on incline la seate par rapport à la surface. Et c’est ce qui explique que les Anolis sont capables de courir si vite tout en adhérant : ils détachent leurs pattes par un mouvement de rotation.

En milieu naturel cette adhérence est d'une grande aide pour pouvoir grimper sur les surfaces lisses comme les grandes feuilles de bananiers. En captivité les Anolis peuvent grimper sur les vitres en verre du terrarium.

 

Peau et écailles 

Anolis vermiculatus mâle

La peau chez les Anolis est un aspect fondamental de leur biologie, jouant un rôle essentiel dans divers aspects de leur vie, de la thermorégulation à la communication et à la protection. Ces lézards arboricoles présentent une grande diversité de motifs et de couleurs cutanés, souvent associés à des fonctions spécifiques telles que le mimétisme, la régulation thermique ou la séduction des partenaires. En outre, la peau des Anolis est un organe dynamique qui peut changer de teinte en réponse à des stimuli environnementaux tels que la lumière, la température et le stress. Comprendre la structure et les adaptations de la peau chez les Anolis est crucial pour explorer leur comportement, leur physiologie et leur écologie, ainsi que pour des applications potentielles en biomimétisme.

En matière de couleur, elles sont toutes présentes dans le genre: rouge (Anolis oculatus), orange (Anolis marmoratus), jaune (Anolis nitens), vert (Anolis garmani), bleu (Anolis gorgonae), indigo et violet (Anolis allisoni). De plus, au sein de chaque espèce il peut y avoir un polymorphisme très marqué, comme chez l'Anolis sagrei.

Certaines espèces ayant un mode de vie proche de l'eau ont une peau hydrophobe, certaines espèces comme Anolis lynchi ou Anolis aquaticus ont même des capacités pour respirer sous l'eau pendant plusieurs dizaines de minutes grâce à un mécanisme de stockage d'air. Ce phénomène a été découvert récemment, est en train d'être étudié. A l'heure actuelle c'est la première fois que c'est observé dans le règne animal. 

Plusieurs espèces comme Anolis loysianus ou Anolis laeviventris sont capables de moduler l'apparence de leur peau pour augmenter leur camouflage. En d'autres termes ils peuvent adapter la texture de leur écaillure avec de petites excroissances pour se confondre avec le support sur lequel ils sont. 

Tous les Anolis ont la possibilité de changer de couleur. Pour les espèces assez foncées, la variation peut être assez faible, mais pour les espèces de couleur vive (Anolis evermanni en vert et en marron par exemple), c'est spectaculaire ! C'est le même fonctionnement que pour les caméléons : la présence dans la peau de cellules nommées chromatophores. Suivant l'environnement (stress, froid, manque de lumière, ...) une hormone est sécrétée par le cerveau. Elle provoque la dispersion de la mélanine (la couleur noire) dans les chromatophores. En conclusion, l'Anolis s'assombrit. Une deuxième hormone peut être sécrétée en cas d'adrénaline. Cette deuxième hormone concentre la mélanine dans les chromatophores, l'Anolis s'éclaircit et se pare de ses couleurs les plus chatoyantes. 

Les écailles chez les Anolis, comme chez de nombreux lézards, présentent une variété de formes et de fonctions adaptatives. Voici quelques types d'écailles que l'on retrouve chez les Anolis :

  • Écailles dorsales : situées le long du dos, ces écailles peuvent varier en taille et en texture. Elles contribuent à la protection du dos et peuvent présenter des motifs spécifiques chez certaines espèces.
  • Écailles ventrales : situées sur la face ventrale du corps, ces écailles peuvent être plus plates et souvent plus larges que les écailles dorsales. Elles contribuent à la protection de la région ventrale du lézard.
  • Écailles labiales : ces écailles se trouvent autour de la bouche et jouent un rôle dans la protection de cette zone sensible. Elles peuvent également être impliquées dans des comportements alimentaires, tels que la capture de proies.
  • Écailles fémorales : localisées sur les membres postérieurs, ces écailles peuvent être importantes dans la thermorégulation et contribuer à la protection des pattes.
  • Écailles préanales : situées près de l'anus, ces écailles peuvent avoir des caractéristiques spécifiques chez certaines espèces et sont souvent utilisées dans la classification des Anolis.
  • Écailles rostrales : trouvées sur le museau, ces écailles protègent la région nasale et peuvent varier en taille et en forme.
  • Écailles occipitales : localisées à l'arrière de la tête, ces écailles peuvent avoir des caractéristiques particulières et sont parfois utilisées pour identifier certaines espèces.
  • Écailles subtibiales : situées sur la face inférieure des membres, ces écailles peuvent être impliquées dans la locomotion et la traction.

La variété des écailles chez les Anolis reflète souvent des adaptations spécifiques à l'environnement et au mode de vie de chaque espèce. L'examen détaillé de ces caractéristiques permet aux herpétologistes de distinguer et de classifier différentes espèces au sein de ce genre diversifié de lézards.

 

QueueAnolis valencienni femelle

La queue est la suite de la colonne vertebrale, elle est donc composée de nombreuses vertèbres, de musques, de peau et d'écailles. La queue chez les Anolis, comme chez de nombreux lézards, est une structure anatomique importante qui remplit plusieurs fonctions. Voici quelques-unes de ses caractéristiques :

  • Préhensilité : La queue des Anolis est souvent préhensile, ce qui signifie qu'elle peut être utilisée pour s'agripper à son environnement et aider le lézard à grimper. C'est une adaptation particulièrement utile pour les espèces arboricoles qui passent une grande partie de leur temps dans les arbres. Plusieurs espèces ayant un mode de vie lié aux lianes ont la faculté de pouvoir utilisé leur queue comme un cinquième membre. Cette queue dite préhensile est présente chez les espèces du genre Polychrus, ChamaeleolisPhenacosaurus mais aussi chez plusieurs espèces d'Anolis comme Anolis occultus, Anolis insolitus ou Anolis valencienni. De manière générale, les Anolis de l'écomorph "lianes" ("twig anole") sont les plus à même d'utiliser leur queue comme un cinquième membre.
  • Régénération : Les Anolis ont la capacité de régénérer leur queue en cas de perte. Cette capacité, connue sous le nom d'autotomie, permet au lézard de sacrifier volontairement sa queue en cas de danger, de stress intense ou d'agression par un prédateur. La queue va continuer de bouger, détournant l'attention du prédateur et permettant au lézard de s'échapper. Par la suite, il y a une régénération de la queue qui vient remplacer le tronçon de queue perdu. A ce moment, les capacités de saut et d'équilibre sont très impactées. On constate aussi que la queue peut faire baisser le statut social d'un individu. La régénération est relativement rapide, cependant la queue de repousse est marron, plus petite qu'initialement, et se terminant pas un "moignon". Lors de la régénération de la queue, il arrive que les vertèbres de la queue ne cicatrisent pas de manière parfaite, et dans ce cas on peut voir des queues avec plusieurs repousses. Fait rare, il arrive que la régénération du cartilage lors de la repousse présente différentes sections de repousses.
  • Communication : La queue peut être utilisée dans les interactions sociales et la communication entre individus. Certains Anolis effectuent des mouvements de queue spécifiques pour signaler des intentions territoriales, exprimer des émotions ou attirer un partenaire lors des parades nuptiales. Les mouvements les plus spectaculaires sont l'ondulation de la queue et rigidification de la queue pendant les parades. 
  • Stockage de graisse : La queue peut également servir de réserve de graisse. Certains Anolis stockent de l'énergie dans leur queue, ce qui peut être utile lors de périodes de jeûne ou de besoin énergétique accru. C'est un indicateur de bonne santé, une queue creusée, laissant apparaître les os du bassin est au contraire un signe de mal nutrition.
  • Diversité morphologique : La forme de la queue peut varier considérablement d'une espèce à l'autre. Certains Anolis ont des queues longues et minces, tandis que d'autres peuvent avoir des queues courtes et épaisses. La couleur et la texture de la queue peuvent également varier, souvent en relation avec la coloration générale du lézard.
  • Mobilité : La queue des Anolis est généralement mobile et peut être utilisée pour équilibrer le lézard lorsqu'il se déplace sur des surfaces diverses, que ce soit sur le sol ou dans les branches d'arbres. Les lézards l'utilisent en tant que balancier afin de garder l'équilibre sur les sauts, les courses, la chasse, ...

La queue chez les Anolis est donc une structure multifonctionnelle, cruciale pour leur survie, leur comportement social et leur adaptation à leur environnement. Les caractéristiques spécifiques de la queue varient en fonction des espèces et de leur mode de vie, contribuant à la diversité et à l'adaptabilité de ces lézards.

 

CrêteAnolis sagrei mâle

Les crêtes dorsales, nucales et caudales chez les Anolis font référence à des structures ornementales présentes sur le dos, la nuque et la queue de certains membres de ce genre de lézards. Ces crêtes sont souvent des excroissances, cartilagineuses ou cutanées qui peuvent servir à différentes fonctions, notamment la communication sociale, la reconnaissance des individus, la régulation thermique et la démonstration de dominance. Cette caractéristique est particulièrement présente chez les espèces de l'écomorphe des troncs. C'est spécifiquement vrai pour l'anole à crête : Anolis cristatellusLes crêtes souvent très souvent érectiles et donc peuvent être présentes de manière occasionnelle avec l'excitation de la parade envers un autre individu (comme Anolis stratulus) ou alors de manière permanente. Pour l'Anolis garmani la crête est composée d'écailles distinctes en pointe comme celle des iguanes. 

Ci-contre, un exemple de crête érectile (nucale, dorsale et caudale) chez ce mâle Anolis sagrei

 

Appendice nasal

Les appendices nasaux font référence à des structures spécialisées situées au niveau du nez. Ces structures, souvent sous la forme d'extensions cartilagineuses ou d'appendices de la peau, sont particulièrement bien développées chez certaines espèces d'Anolis.

L'utilisation spécifique des appendices nasaux n'est pas encore entièrement comprise, mais des études suggèrent qu'ils pourraient être impliqués dans des comportements tels que la détection d'odeurs chimiques, la communication entre individus, ou même la régulation de la température corporelle. Ces appendices pourraient également avoir une importance dans l'adaptation des Anolis à des environnements spécifiques, en particulier dans des habitats forestiers humides où la détection des phéromones et des odeurs peut être cruciale.

Seulement deux espèces ont un appendice nasale proéminent. Ces espèces sont l'Anolis proboscis et Anolis phyllorhinus. On peut également citer l'Anolis punctatus dans une moindre mesure. Cette proéminence n'est pas présente chez les femelles de ces espèces, seuls les mâles en sont pourvus. 

 

YeuxAnolis hendersoni mâle

Les yeux des Anolis sont indépendants de la même manière que ceux des caméléons, exemple avec cet Anolis richardii. De ce fait ils ont une vision périphérique très importante. Leur vision leur permet de voir distinctement les couleurs à plusieurs mètres. Le spectre de vision est plus large que celui des humains. En effet les Anolis voient une partie des ultra-violets, c'est notamment avec celui-ci qu'ils "jouent" pour communiquer. 

Suivant les espèces, l'iris peut être de différentes couleurs : bleu, vert, marron, noir.

L'Anolis lucius et l'Anolis argenteollus partagent une caractéristique surprenante, l'écaille qui sert de paupière est marqué d'une tâche sombre ressemblant à un oeil. A l'heure actuelle le but n'est pas clairement compris, les hypothèses des scientifiques seraient de protéger les yeux de la réverbération de la lumière, la deuxième hypothèse serait de dire que lorsqu'il dort avec la paupière fermée, il peut tromper un éventuel prédateur qui penserait que l'Anolis est éveillé.

L'œil pariétal, également appelé "œil pineal" ou "œil troisième", est une caractéristique anatomique remarquable chez certains reptiles, y compris les Anolis. Chez les Anolis, cet organe photosensible est situé au sommet de la tête, juste derrière les yeux. L'œil pariétal est sensible à la lumière, mais sa fonction exacte chez ces lézards reste un sujet de recherche.

On pense que l'œil pariétal chez les Anolis joue un rôle dans la perception de la lumière et des variations de luminosité, contribuant ainsi à la régulation du rythme circadien et à la détection des changements de luminosité environnementale. Il est également suggéré que cet organe pourrait être impliqué dans des comportements liés à la thermorégulation, à la navigation, ou même à des aspects de la communication intraspécifique, bien que ces aspects nécessitent davantage de recherches.

 

Vocalise

Les vocalisations peuvent prendre la forme de cris, de sifflements ou d'autres sons spécifiques à chaque espèce. Comprendre le rôle de la vocalisation chez les Anolis contribue à une vision plus complète de leur comportement, de leur écologie et de leur dynamique sociale. Selon cette étude pas très récente, une vingtaine d'espèce d'Anolis ont la capacité d'émettre des vocalises. Selon les auteurs, il y aurait sûrement plus d'espèces partageant cette caractéristique. Suivant l'environnement ces cris sont différents et n'ont pas le même but. Il peut y avoir des vocalises inter-espèce et des vocalises différentes pour les prédateurs. Chaque espèce a sa propre panoplie de cris. 

 

Distribution géographiqueAire de répartition

Introduction

Toutes les espèces d'Anolis et assimilés sont présentes uniquement sur le continent Américain. La zone de distribution du genre va du Sud-Est des Etats-Unis pour la frontière la plus au Nord, jusqu'à l'État de Minas Gerais au Brésil pour la frontière la plus au Sud. Entre ces deux frontières imaginaires on trouve donc toutes les espèces que ce soit sur le continent ou dans les Caraïbes. 

 

Développement

La distribution géographique des Anolis fait référence à la manière dont ces lézards sont répartis dans diverses régions géographiques. Elle est influencée par une combinaison de facteurs écologiques, climatiques, géographiques et évolutifs. Voici quelques aspects clés liés à la distribution géographique des Anolis :

  • Adaptations aux habitats : Les différentes espèces d'Anolis présentent des adaptations spécifiques à leurs habitats respectifs. Certains sont adaptés aux forêts tropicales humides, tandis que d'autres se trouvent dans des environnements plus arides ou montagneux. Leurs adaptations morphologiques et comportementales peuvent varier en fonction de ces habitats.
  • Spécialisation écologique : Certaines espèces d'Anolis peuvent être spécialisées pour vivre dans des niches écologiques spécifiques. Par exemple, certaines espèces peuvent occuper des habitats arboricoles, tandis que d'autres préfèrent des environnements rocheux ou terrestres.
  • Répartition géographique des Îles : Les Anolis sont souvent présents sur des îles, et leur distribution géographique peut être influencée par des événements historiques tels que la dispersion, la colonisation et l'isolement géographique. Les espèces endémiques à des îles particulières peuvent présenter des adaptations uniques.
  • Répartition altitudinale : Certains Anolis peuvent occuper différentes altitudes au sein d'un même habitat. Les variations d'altitude peuvent influencer la composition des espèces et leurs caractéristiques morphologiques.
  • Barrières géographiques : Des barrières géographiques telles que des chaînes de montagnes, des rivières ou des zones désertiques peuvent influencer la répartition des Anolis en créant des zones qui peuvent être difficiles à traverser pour ces lézards.
  • Changements climatiques historiques : Les variations climatiques historiques ont également joué un rôle dans la distribution géographique des Anolis. Les changements climatiques ont pu entraîner des modifications de la répartition des espèces au fil du temps.
  • Concurrence et cœxistence : La cœxistence et la compétition avec d'autres espèces, y compris d'autres Anolis, peuvent également influencer leur distribution géographique en déterminant les zones où les conditions sont les plus favorables à leur survie.

Les études sur la distribution géographique des Anolis fournissent des informations cruciales sur la biodiversité, l'écologie évolutive et la biogéographie des lézards. Comprendre comment les Anolis sont répartis dans différents habitats et régions géographiques contribue à une meilleure compréhension de leur biologie et de leur rôle dans les écosystèmes.

 

Anthropisation

L'anthropisation, qui désigne l'influence des activités humaines sur l'environnement, peut avoir divers impacts sur le genre Anolis. Ces lézards sont sensibles à leur environnement et peuvent être influencés de différentes manières par les changements provoqués par les activités humaines. Voici quelques exemples d'impacts potentiels de l'anthropisation sur les Anolis :

  • Perte d'habitat : La conversion des terres naturelles en zones urbaines, agricoles ou industrielles peut entraîner la perte d'habitats naturels pour les Anolis. La destruction de la végétation, en particulier des arbres et des buissons, peut avoir un impact direct sur la disponibilité des sites de repos, de reproduction et de chasse pour ces lézards. Exemple chez l'Anolis roosevelti.
  • Fragmentation de l'habitat : L'urbanisation et d'autres formes de développement humain peuvent fragmenter les habitats naturels des Anolis, isolant les populations les unes des autres. Cela peut avoir des conséquences négatives sur la diversité génétique, la dispersion des individus et la viabilité à long terme des populations.
  • Changements climatiques urbains : Les îlots de chaleur urbains et d'autres changements climatiques associés à l'urbanisation peuvent affecter les Anolis en modifiant les conditions thermiques de leur environnement. Certains Anolis sont sensibles aux variations de température, et ces changements peuvent influencer leur comportement, leur métabolisme et d'autres aspects de leur biologie. Exemple chez l'Anolis cristatellus qui a su tirer profit de l'urbanisation.
  • Introduction d'espèces exotiques : Les activités humaines peuvent introduire involontairement des espèces exotiques, telles que des prédateurs ou des compétiteurs, dans les habitats des Anolis. Ces nouvelles espèces peuvent perturber les équilibres écologiques et entraîner des pressions supplémentaires sur les populations d'AnolisAvec les échanges de biens développés par l'homme, de nombreuses espèces d'Anolis ont réussis à coloniser de nouveaux territoires. Parfois cantonné à de petites populations, il arrive aussi que l'espèce devienne invasive. Le lieu le plus marquant est sans doute la Floride avec une dizaine d'espèces d'Anolis introduite. L'Anolis natif de cette région, l'Anolis carolinensis, voit sa population diminuer. A l'inverse, au Japon, l'Anolis carolinensis, ayant été introduit, a impact sur la faune locale et c'est lui qui est défini comme invasif/nuisible. Le site IUCN Global invasive species database dénombre aujourd'hui 16 espèces d'Anolis définies comment 'invasives'  : 
  • Eclairage artificiel : L'éclairage artificiel peut perturber les cycles d'activité, les comportements nocturnes et la thermorégulation des Anolis, pouvant avoir des conséquences sur leur reproduction, leur préférence d'habitat et leur interaction avec d'autres espèces. Exemple chez l'Anolis sagrei.
  • Pollution : Les Anolis peuvent être vulnérables à la pollution de l'air, de l'eau et du sol résultant des activités humaines. La contamination chimique peut avoir des effets néfastes sur leur santé, leur reproduction et leur survie. Exemle chez l'Anolis sagrei.

Il est important de noter que l'impact spécifique de l'anthropisation sur les Anolis peut varier en fonction de l'espèce, de la localisation géographique et de la nature des activités humaines dans une région donnée.

 

Ecologie

Introduction

L'écologie chez les Anolis est complexe, elleest façonnée par des adaptations physiologiques, des interactions sociales et des réponses aux changements environnementaux, contribuant à leur rôle crucial dans les écosystèmes tropicaux.

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Écomorphes

Au fil de l’évolution, les espèces se sont adaptées à différents modes de vies, on peut répartir les espèces caribéennes en sixEcomorphes grands groupes. Ces groupes sont appelés écomorphes. Cette notion d'écomorphe a été décrite par Jonathan Losos, ci-contre un dessin explicatif qu'il a réalisé.

Chaque écomorphe à des caractéristiques de spécialisation liées à la strate dans laquelle elle vit. Les écomorphes définies sont : Anolis géant des cimes (=Crown griant), Anolis des branches-troncs (=Trunk-crown), Anolis des troncs (=Trunk), Anolis du sol-tronc (=Trunk-ground), Anolis des brindilles (=Twig), Anolis des herbes (=Grass-bush).

Sur le continent américain les écomorphes sont moins marqués. Chaque écomorphe est adaptée à son micro-habitat. Au fil des générations, l'évolution sur chaque îles des Caraïbes a tendue vers la même spécialisation. Sur chaque île on va retrouve une ou plusieurs espèces partageant les écomorphes précédemment citées. Par exemple pour l'écomorphe géants des cimes, on retrouve à Cuba l'Anolis equestris, en Jamaïque l'Anolis garmani, l'Anolis cuvieri à Porto Rico, et enfin l'Anolis ricordii à Hispaniola. Ces espèces sont très proches physiquement et partagent les mêmes caractéristiques morphologiques. 

Les différences entre les écomorphes se font au niveau de la taille totale de l'espèce, de la taille des membres, du nombre de lamelles adhésives, de la taille de la queue, de la couleur, du type de mouvement. Ci-dessous un tableau de Jonathan Losos avec les caractéristiques propres à écomorphes. 

Ecomorphes

 

Niches écologiques

Les Anolis occupent une grande variété de niches écologiques déterminée en fonction de l'espèce et de son environnement spécifique. Le terme "niche écologique" se réfère au rôle fonctionnel d'une espèce dans son écosystème, y compris ses relations avec d'autres organismes et son utilisation des ressources disponibles. Voici quelques-unes des niches écologiques utilisées par les Anolis :

  • Arboricole : La plupart des Anolis sont des lézards arboricoles, ce qui signifie qu'ils passent la majeure partie de leur temps dans les arbres et les buissons. Leurs doigts munis de lamelles adhésives leur permettent de grimper efficacement.
  • Terricole : Certaines espèces d'Anolis, bien que moins communes, peuvent également occuper des niches terrestres, passant plus de temps sur le sol que dans les arbres. Le choix entre un mode de vie arboricole ou terrestre peut dépendre de facteurs tels que la disponibilité des ressources alimentaires et la présence de prédateurs.
  • Xérophyte : Certains Anolis ont évolué pour s'adapter à des environnements arides et xériques, comme les zones semi-désertiques. Ils peuvent occuper des niches écologiques spécifiques dans ces habitats, exploitant des caractéristiques particulières du paysage, comme les rochers ou les buissons.
  • Rupicole : Certaines espèces d'Anolis sont associées aux rivières, aux cours d'eau ou aux zones humides, et elles peuvent occuper des niches rupicoles. Elles peuvent utiliser ces environnements pour la chasse, la recherche de partenaires ou la régulation thermique
  • Saxicole : Plusieurs espèces d'Anolis ont un mode de vie associé aux rochers ou aux milieux rocheux. Les Anolis saxicoles ont évolué pour vivre dans des habitats où les structures rocheuses, telles que des formations rocheuses ou des falaises, sont prédominantes. Ces lézards ont souvent des adaptations spécifiques pour grimper, se cacher et se déplacer efficacement dans ces environnements.
  • Aquatique : Il n'existe pas d'espèces d'Anolis strictement aquatiques. Les Anolis ne sont pas adaptés pour une vie entièrement aquatique et ne passent généralement pas la majorité de leur temps dans l'eau. Leur anatomie, notamment leurs pattes et leurs doigts adaptés pour grimper, n'est pas spécifiquement adaptée à la nage prolongée. Cependant, certaines espèces d'Anolis peuvent être associées à des environnements aquatiques tels que les rivières et les ruisseaux à faible courant. Ils peuvent se rapprocher de l'eau pour chasser des proies, échapper à un prédateur ou réguler leur température corporelle, mais cela ne les rend pas des animaux aquatiques au sens strict.
  • Préférences altitudinales : Les Anolis peuvent également occuper différentes altitudes, des zones basses près du niveau de la mer aux hauteurs de montagnes. Certaines espèces ont des préférences altitudinales spécifiques en fonction de la température et de la végétation présente. Le manière générale la température y est plus fraîche et l'humidité très élévé.

Il est important de noter que la diversité des niches écologiques occupées par les Anolis est élevée, et chaque espèce peut avoir des adaptations spécifiques à son habitat. Ces adaptations comprennent des variations dans la coloration, la taille du corps, la forme de la tête et d'autres caractéristiques anatomiques qui les aident à s'adapter à leur environnement spécifique. Il est important de noter que dans la nature chaque individu a la capacité de se déplacer au sein de différents types de niches écologiques.