Reproduction

Introduction

Pour de nombreux éleveurs, la reproduction est l'aboutissement du maintien d'une espèce. 

Il est intéressant de reproduire les espèces d'Anolis très commercialisées comme Anolis carolinensis, Anolis sagrei et Anolis equestris. En effet l'extrême majorité des individus sont d’origine sauvage (capturés en Floride) avec tout ce que cela entraine (parasites, vie écourtée, craintif, abrasion rostrale, décès lors des envois, ...). En reprodusisant ces espèces, il est alors pssible de proposer des jeunes nés en captivités qui n'ont pas les problématiques des individus sauvages. Reproduire les autres espèces permet de garder des lignées captives et d'éviter d'aller faire des prélèvements d'individus dans la nature. La reproduction des Anolis est relativement simple, il y a tout de même des règles à suivre afin de maximier les chances d'avoir des naissances. 

  1. Préparation à la reproduction
  2. Ponte
  3. Incubation
  4. Elevage des juvéniles

 

Préparation à la reproduction

Afin de pouvoir d'obtenir une reproduction, il faut à minima un couple mâture. La maturité sexuelle n'est pas la même pour toutes les espèces, mais elle arrive souvent entre 6 mois et un an. Il est préférable d'éviter de reproduire les femelles leur première année. Des complications liées à la ponte peuvent arriver si les femelles sont fécondées trop jeunes. 

Lorsque les individus sont juvéniles la différenciation être mâle et femelle n’est parfois pas évidente a distinguée. Adulte le dimorphisme sexuel est plus important, les mâles sont de manière générale plus massif et plus colorés. De manière générale les femelles ont des marquages différents de ceux des mâles. Toujours chez les femelles, la présence d’une ligne dorsale est une caractéristique que l'on retrouve chez de nombreuses espèces. Pour sexer de manière certaine il faut regarder les écailles cloacales qui sont uniquement présentes chez les mâles, ces écailles sont visibles dès la naissance. Ces écailles se trouvent au niveau de la zone cloacale. Ci-dessous deux photos montrant la différence entre un mâle et une femelle chez l'Anolis sagrei et la même comparaison chez l'Anolis coelestinus.

Sexage Anolis sagreiSexage Anolis coelestinus

Les Anolis de manière générale sont assez prolifiques lorsque les paramètres sont rassemblés et que les individus sont en âges de se reproduire (j'ai eu 25 jeunes sur une saison avec une femelle Anolis sagrei), la reproduction n'est donc pas très compliquée.

Afin de favoriser la reproduction, faire une baisse progressive de la température et l'éclairage sur plusieurs semaines. Pendant cette période les individus s'alimentent beaucoup moins. Les femelles ne pondent pas. Cette période correspond à la période "sèche" à l'état naturelle. Les pluies sont plus rares et moins importantes. 

Après plusieurs semaines de baisse, faire une remontée de la température et l'éclairage progressive. Les individus augmentent leur activité, les comportements de reproduction s'accélèrent comme sur cette vidéo. Puis les accouplements arrivent rapidement, ci-dessous photo d'accouplement d'Anolis porcatus et d'Anolis carolinensis.

A_porcatus-accouplement-4.jpgAnolis-carolinensis-accouplement-1.jpg

Quelques temps après les premiers accouplements, il y a fécondation. On peut voir facilement lorsque les femelles sont gravides. Les photos ci-dessous montrent une femelle Anolis carolinensis et Anolis sagrei gravides, les œufs sont visibles sur les flancs. Chez l'Anolis carolinensis, le temps de production d'un oeuf est de 20 jours. Après ce délai, les premiers œufs arrivent. Fait intéressant, dans la nature les femelles peuvent conserver le sperme de plusieurs mâles. Par la suite la femelle peut sélectionner dans cette spermathèque le sperme du mâle qui lui semble le plus plus robuste.

Au moment des premières pontes, la femelle va consommer plus d'énergie pour trouver le bon site de ponte. Le mâle quant à lui va continuer de vouloir s'accoupler. A ce moment il faut faire attention à ce que la ou les femelles aient suffisamment à manger, et ne soient pas constamment pourchasser par le mâle. Mettre la ou les femelles quelques semaines/mois dans un terrarium d'appoint peut être une solution. Avec cette technique, récupérer les oeufs ou les jeunes est aussi plus facile. 

Anolis carolinensis femelle gravideAnolis sagrei femelle gravide

 

Ponte

Les Anolis font parti de la minorité d'espèces qui pondent à fréquence importante un faible nombre d'oeuf. Une stratégie qui s'oppose aux pontes annuelles avec un nombre d'oeufs important (crocodiliens et cheloniens par exemple). Leur physique et leur poids ne leur permettent pas de pondre une multitude d'œufs. 

Les femelles pondent un œuf tous les 5-25 jours suivant les espèces. Si l'œuf pondu est jaune, c'est qu'il n'est pas fécondé, il ne sert à rien de le faire incuber. Souvent ces œufs jaunes sont pondus par les jeunes femelles lors de leurs premières pontes. Sur la photo ci-dessous l'œuf infertile d'une jeune femelle Anolis carolinensis et un œuf fertile pondu sur une branche par une femelle Anolis porcatus.

A carolinensis oeuf non viableA_porcatus-oeuf--3.jpg

Les œufs viables sont oblongs et de couleur blanche, ils peuvent être roulés dans le substrat par la femelle pour être moins visibles. Parfois pondu sur le décor (feuille, branche), ils sont cependant très souvent trouvés au sol (enterrés) ou dans l'enchevêtrement des racines des plantes du terrarium. Vidéo où une femelle Anolis lineatus (et non pas Anolis sagrei) creuse et pond et rebouche le site de ponte. La collecte des œufs (s’ils sont placés en incubateur) est délicate car il ne faut pas modifier la position de l'œuf au risque de noyer l'embryon. Pendant toute la durée de l'incubation l'œuf va se développer et grossir pour doubler sa taille avant l'éclosion. Sur cette photo œuf d'Anolis carolinensis après quelques semaines de développement. Sur la photo de l'incubateur, on peut voir différents stades de développement d'embryon et voir la taille taille correspondante. Entre la ponte et l'éclosion, l'œuf double presque de taille. 

dsc-0011.jpg

 

Quelques faits remarquables en lien avec la ponte chez les Anolis

  • Dans la nature certaines espèces (comme chez l'Anolis porcatus ou chez l'Anolis angusticeps) ont des sites de ponte partagés par plusieurs femelles.
  • Chez de nombreuses espèces, la femelle peut faire de la rétention d'oeufs afin d'attendre une période plus propice pour pondre (souvent les pontes s'accordent avec la période des pluies afin de maximiser les chances de survie des juvéniles. A cette période la micro faune explose, autant de proies potentielles).
  • Les œufs de l'Anolis auratus ont la capacité de retenir de l'eau pour faire face à la sécheresse des sols.
  • Les Anolis ont aucun sens maternel très faible. Il arrive qu’il y ai une protection d’une ponte de la part de la femelle. Une fois les juvéniles, le sens maternel est inexistant, les jeunes sont complètement autonomes.

 

Incubation

L'incubation peut se faire soit naturellement dans le terrarium, soit de manière artificielle dans un incubateur. Les deux systèmes fonctionnent très bien. 

Je recommande l'incubation en incubateur pour pouvoir surveiller l'évolution de l'œuf et surtout de pouvoir mettre facilement les nouveaux nés dans un terrarium indépendant. Les parents peuvent faire preuve de cannibalisme sur les juvéniles. De ce fait, avec une incubation en terrarium, il est important de capturer dès que possible les juvéniles pour les élever séparément.

Pour favoriser l'incubation naturelle en terrarium, il est important d'avoir une épaisseur de substrat de plusieurs centimètres. Une litière de feuilles morte apporte une meilleure homogénéité de la chaleur et de l'humidité. 

Pour le choix de l'incubateur, il existe de nombreux modèles, j'ai eu de très bon résultat avec un incubateur très simple comme celui-ci (ça ne coûte que quelques euros). Il suffit de mettre 2-3 centimètres d'eau (pas de contact entre l'eau et les œufs !), mettre les œufs dans les emplacements prévus, et de placer l'incubateur dans un endroit à la température souhaitée. Simplissime.

Incubateurincubateur

La baisse de la température la nuit est importante. En offrant des fluctuations de températures, on constate que le développement de l'œuf est plus long mais que les juvéniles naissent plus grands et plus costauds que ceux incubés à température constante. 

Le sex ratio est influencé par la température d'incubation des œufs. Cela signifie que le processus de détermination du sexe de ces lézards se produit pendant la période d'incubation des œufs et n'est pas déterminé génétiquement comme c'est le cas chez certains autres reptiles. Les œufs sont pondus dans des endroits sélectionnés par la femelle étant des optimums. La température à laquelle ces œufs sont exposés pendant l'incubation joue un rôle clé dans le développement des embryons et détermine le sexe des individus. C'est ce qu'on appelle la détermination du sexe par la température (TSD pour Temperature-Dependent Sex Determination).

En général, à des températures plus basses, les œufs produisent des individus femelles, tandis qu'à des températures plus élevées, ils produisent des individus mâles. Le point de basculement, c'est-à-dire la température à laquelle les deux sexes sont produits de manière égale, est souvent appelé la "température de transition" ou "température pivot". Chez l'Anolis carolinensis, la température de transition se situe généralement autour de 27°C. Il est important de noter que les détails précis de la détermination du sexe par la température peuvent varier entre différentes espèces de reptiles, et même au sein d'une même espèce. De plus, des facteurs génétiques peuvent également interagir avec la température pour influencer le sexe dans certains cas.

Dans la nature, les pontes font faces aux conditions climatiques, les Anolis ont réussi à s'adapter aux ouragans et aux inondations. Les résultats d'études scientifiques indiquent qu’il n'y a pas d'effet sur les œufs dans l'eau salée cela jusqu'à 6 heures d’immersion.

 

Élevage des juvéniles

Lorsque l'œuf éclos avec un juvénile en bonne santé, il faut alors le récupérer dans son incubateur ou le récupérer s'il est dans le terrarium des parents. Les juvéniles sont placés en mini terrarium, faunabox ou boîte d'élevage. Beaucoup d'espèces d'Anolis n'hésites pas à manger leur propre descendance. Les laisser en terrarium n'est pas impossible, mais ça n'est pas conseillé. 

L'idéal pour l'élevage des jeunes Anolis est qu'ils puissent être élever de manière individuelle. Les boîtes d'élevage pour insectes (du genre Braplast) avec couvercle grillagé sont particulièrement adaptées. L'aménagement se fait avec une décoration succincte : quelques fines branches et petite plante en pot ou plante artificielle. Pour le matériel, le but est de créer le même environnement que pour les adultes mais en format réduit. L’éclairage et le chauffage peut se fait par néon de type zone 2 ou 3 de faible wattage. Photo ci-dessous juvénile Anolis vermiculatus dans sa boîte d'élevage.

Juvénile Anolis vermiculatus

L'élevage peut se faire en groupe, il faut toutefois surveiller à ce que tous les jeunes s'alimentent et puisse s'insoler et avoir accès aux UV. La domination est déjà présente et un jeune individu peut en dominer un autre le privant d'alimentation. Il faut donc faire attention à ce que chacun des juvéniles mange suffisamment. Si ça n’est pas le cas, une solution est d’isoler les plus faibles pour mieux contrôler la prise de nourriture. Vidéo d'élevage en groupe de jeune Anolis sagrei.

Il faut savoir que dès la naissance (chez une majorité d'espèces) les individus juvéniles mâles ont déjà leurs deux écailles cloacales, il est donc possible d'avoir un sexage certain dès la naissance. Le fait que les juvéniles soient relativement petit à la naissance peut induire en erreur sur la vision ou non des écailles cloacales. Prendre une photo nette et de qualité de la zone cloacale à travers une petite boîte transparente permet d'avoir un avis fixe sur le sexe du juvénile. 

La naissance ne se passe pas toujours parfaitement bien. Si pendant le développement de l'embryon il y a eu un problème, l’œuf viendra à s’affaisser puis pourrir. Il est aussi possible que le juvénile arrive au bout de son développement mais n’arrive pas à s’extraire de son œuf (exemple de juvéniles Anolis porcatus et Anolis vermiculatus mal formés).
Anolis porcatus juvénile mort Anolis vermiculatus juvénile mort